« Où vont nos impôts ? » Sempiternelle question de nombre de français doutant de leurs institutions.
En termes plus politiques et juridiques, la question devient « qui est responsable de l’affectation des fonds publics ? »
La réponse est aussi simple qu’immédiate ; nos responsables publics se voient confier les moyens de leur action publique à travers la responsabilité d’un budget. Cette responsabilité-là est une des plus élémentaires de tout responsable public. Sans cette notion de responsabilité, l’affectation de fonds est la porte ouverte au mal-usage et au détournement de fonds publics.
Nous constatons ici à travers quelques exemples que, paradoxalement, nos responsables semblent (ou font semblant) n’avoir aucune perception de cette responsabilité première qui est la leur.
Si, de plus, le mot « justice » est quelque part prononcé, le prétexte de déresponsabilisation est alors tout trouvé… Nul autre n’aurait plus à juger de rien. Alléluia ! Ici comme ailleurs, « justice » est le sésame de la démission du droit de regard comme du devoir de contrôle.
Le problème vient du fait que le premier apprentissage d’un responsable est de se laver de toute responsabilité… Nos responsables veulent accéder aux responsabilités ? Et bien quand ils y sont, qu’ils les assument !
Afin de mieux appréhender ce phénomène d’irresponsabilité publique revendiquée, considérons l’attitude d’un tel responsable dans la gestion de son budget personnel.
Sur devis, puis commande (valant contrat), notre responsable fait intervenir à titre personnel un plombier à son domicile et constate une malfaçon dans le travail réalisé. L’artisan conteste bien entendu la malfaçon et réclame paiement de sa prestation.
Si la malfaçon est objectivement constatée, le préjudice à suivre personnellement subi par notre responsable, celui-ci réglera-t-il les yeux fermés la facture présentée, se satisfaisant des dénégations de l’artisan ? Il est fort à parier que non. Si une action en justice peut être envisagée, qu’elle soit engagée ou non, toute personne sensée tenterait de régler ce différent à l’amiable avec l’artisan fautif, cherchant tout simplement à obtenir de celui-ci qu’il fasse correctement le travail dans lequel il s’est engagé. Le paiement (sur fonds personnels de notre responsable) resterait bloqué jusqu’à résolution du litige. C’est qu’en effet ce paiement est la contrepartie contractuelle des engagements de l’artisan.
Voilà pour l’attitude de notre responsable dans sa vie privée et la gestion de son budget personnel.

Aussi désolant que cela puisse être, le discours surfait du responsable public pourrait être tout autre :
– complice et sentencieux : « Il ne saurait y avoir malfaçon. L’artisan est un professionnel au travail irréprochable. »
– niaisement bienséant : « D’où me permettrais-je donc d’intervenir pour dire à cet artisan indépendant ce qu’il a à faire et comment il doit faire son travail ? »
– opportunément dogmatique : « Il reviendrait à la justice – et donc seulement à la justice – de juger le travail de ce professionnel. »
Autant de sentences grotesques, prétendument bienséantes, que le responsable public voudrait faire admettre à qui le veut bien pour se soustraire à sa responsabilité dans le contrôle des prestations effectuées sur fonds publics qu’il a lui-même affectés ou contribué à affecter dans le cadre d’un contrat (ou convention) de prestation, fonds publics dont il est en tous cas le responsable.
De la splendeur du responsable public, éminemment irresponsable en toute bienséance. De l’art de mettre en avant de beaux principes de façon totalement bidon.
Les exemples de telle irresponsabilité publique affichée nous viennent du cas de prévarication d’une association ayant fait l’objet de notre billet Une substitute promue, un point-rencontre corrompu. Les faits sont établis, incontestables, et à notre connaissance même pas contestés par l’association incriminée elle-même.
Ayant pour objet la politique de la famille et de l’enfance, en particulier un point-rencontre « pour le maintien de la relation enfant / parent », l’association royannaise Equilibre est presque exclusivement financée par des fonds publics pour la réalisation de missions formalisées dans des conventions (disons ‘contrats’) légalement requises pour l’octroi des subventions dont elle bénéficie. Dans ce cadre conventionnel, ces subventions font de l’association un acteur de la politique de la famille et de l’enfance des institutions qui la financent.
C’est aussi dans ce cadre que l’association est désignée par l’institution judiciaire pour assurer les conditions d’exercice d’un droit de visite en milieu médiatisé accordé à un parent dans des situations familiales mettant à mal le lien enfant / parent.
Ainsi désignée par un arrêt du 04 octobre 2022 de la chambre de la famille de la cour d’appel de Metz pour organiser des visites mensuelles sur une période totale de quatre mois entre un père et ses enfants mineurs dont il est malgré lui sans nouvelles, l’association organise au contraire la pérennisation de cette coupure imposée du lien, et l’empêchement de tout contact avec notamment le plus jeune des enfants !
Les faits sont incontestables et incontestés :
- l’association fixe sciemment un calendrier de visites qu’elle sait et dit irréalisables du fait des contraintes de disponibilité de l’enfant. Ce faisant, l’association organise sciemment d’inévitables Non Représentations d’Enfant (délit répété dont chacun est ici passible de 3 ans d’emprisonnement et 45 k€ d’amende).
- l’association se refuse à modifier ce calendrier comme demandé par le parent pour rendre les visites réalisables et donc possible l’exercice de son droit. Les contacts sans cesse annoncés pour replanification n’auront jamais lieux malgré l’urgence, l’association se murant dans le silence et jouant visiblement la montre jusqu’à échéance du droit de visite du parent lésé (droit accordé pour une durée totale de quatre mois).
La prévarication est ici aussi flagrante qu’éhontée. Le personnel de l’association ne montre pas craindre d’avoir à assumer les conséquence de ses actes absolument contraires à ses missions et à ce pourquoi l’association a été concrètement désignée par décision de justice… Qu’est-ce qui ferait cette irresponsabilité, ce sentiment d’impunité ?
Notons ici que l’association reconnaît elle-même que le parent lésé a tout fait pour rendre ces visites possibles et qu’il n’y a rien à lui reprocher de ce point de vue-là. Il n’y a donc aucun motif ‘supérieur’ incriminant le parent lésé que l’association puisse invoquer pour justifier de contrevenir à une décision de justice en organisant la privation d’un droit.
Confronté à la flagrante prévarication de l’association visiblement déterminée à empêcher l’exercice de son droit, pérennisant ainsi volontairement des années d’empêchement total de lien enfant / parent, le parent lésé se tourne vers les institutions finançant l’association, les exhortant à rappeler la prévaricatrice aux devoirs et aux missions qui seuls la justifient.
Invoquant l’urgence, alertant ces responsables publics sur l’usage de leurs subventions pour la privation délibérée d’un droit, le parent victime les exhorte à intervenir pour faire cesser les pratiques délictueuses avant échéance de son droit de visite fixé par décision de justice.
A titre d’illustration, nous publions le premier courrier adressé à la commune impliquée par ses financements dans les agissements de l’association, acteur officiel de la politique de la famille et de l’enfance de la ville.
La réponse officielle se passerait de commentaire (relire simplement Cyrano ci-dessus).
« Circulez, il n’y a rien à voir ». Et s’il fallait chercher des torts, pour ce représentant de la municipalité, ce seraient ceux de la victime !
Autre formulation, même réponse stéréotypée.
Le Ministère de la Justice développant une politique de subvention des points rencontre, l’application de cette politique étant gérée au niveau local des cours d’appel où un responsable administratif (dit MDPAAD) est spécifiquement en charge et responsable de la politique associative du ministère dans le ressort de cette cour, le parent victime de privation volontaire de droit par l’association sollicite donc l’intervention urgente de ce responsable public, au même titre qu’il sollicite les autres responsables des agissements de l’association subventionnée en matière de « maintien de la relation enfant / parent ». Le courrier au responsable administratif qu’est le MDPAAD est doublé d’un courrier à Madame la première présidente de la cour d’appel de Poitiers, responsable du budget et de la politique de son administration sur le territoire de son ressort.
Réponse :
On notera ici, sur le thème du défaussoir, l’étonnante référence à l’absence de « compétence d’exécution des décisions de justice », compétences que nul n’a eu l’idée saugrenue de solliciter de la part de ces responsables administratifs publics.
Juste, dans l’urgence de la situation, passer comme financeur un coup de fil à cette association pour s’enquérir des difficultés à fixer une date de visite pendant les vacances scolaires, annoncées comme seules périodes de disponibilité de l’enfant par l’association elle-même…
La demande, résumée par mail dans l’urgence, était assez explicitement compréhensible (voir jusqu’aux numéros de téléphone en PS) :
Pas de coup de fil pour rappeler l’association à ses missions, juste une lettre type…
…et le courrier de sollicitation de ce parent transmis par la présidence de la cour d’appel au procureur de la république pour représailles ciblant l’auteur des courriers.
Intéressante et significative réaction.
L’auteur (non des faits délictuels, mais des courriers de dénonciation et de sollicitation) sera convoqué à une audience pénale sur demande écrite du parquet sans que jamais avant cette audience dite ‘contradictoire’, malgré ses demandes écrites répétées, on ne daigne faire savoir à l’inculpé les faits qui lui seraient reprochés et dont il aurait à répondre !
Une démarche d’intimidation, d’instrumentalisation de la procédure pénale, visant à réduire la victime au silence, qui s’avèrera à l’audience du 08 juin sans fondement, le réquisitoire du procureur (substitute), enfin révélé, amalgame de mauvais prétextes à condamnation, étant en tout point grossièrement contrefactuel.
Si l’inculpé n’a eu droit à aucune information avant cette audience dite ‘contradictoire’, c’est sans doute qu’aucun motif de mise en cause ne pouvait décemment lui être communiqué par écrit…
C’est que la présidence de la cour d’appel de Poitiers, par la plume de sa secrétaire générale, ayant fait mine de se croire sollicitée en qualité de juge, s’est néanmoins reconnue comme supérieure hiérarchique (administrative) de la mère délinquante dénoncée, et aurait fait au papa victime le procès d’intention de chercher à nuire professionnellement à son épouse…
Avisez-vous donc de dénoncer un juge délinquant ! Avisez-vous donc de la même manière de dénoncer un acteur de la justice…
D’autres courriers, à d’autres responsables administratifs, auraient de la même manière fini sur le bureau du juge…
La décision de Madame la juge était attendue pour le début de cette semaine.
Chacun ferme les yeux avec bienséance sur une flagrante privation volontaire de droit fondamental à la famille.
Chacun se défausse de ses responsabilités de financeur et cautionne par là-même la négation effective des missions affichées de la politique de son institution.
Chacun se défausse, aussi, au bénéfice d’une prétendue exclusivité de la justice à juger du caractère inacceptable des faits dénoncés.
De quoi tout cela est-il donc le signe ?
Quelle est donc la réalité de la politique familiale dans notre pays ? Quelle valeur accordons-nous en réalité à ce droit dit fondamental à la famille, au droit de l’enfant à un lien avec chacun de ses parents ? Quel mépris montrons-nous en réalité pour la simple possibilité d’exercice d’un droit ? Pour le droit à dénoncer et faire cesser la privation volontaire d’un droit ?
De quoi donc nos responsables publics prennent-ils dans les faits la responsabilité ?
Tous courriers accessibles au lien suivant (en cours…) : https://courriers-substitute.public.observatoiredelajustice.fr
Crédit image : Cyrano (2008) originellement publié sur roxanelespectacle.com, actuellement inaccessible.
Laisser un commentaire